La réglementation thermique évolue en continu notamment depuis 1974, date du premier choc pétrolier. Son évolution trouve ses fondements dans les principes du protocole de Kyoto, qui engage 55 Etats à réduire de 5,2% leurs émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) à l’échéance de 2012 par rapport au niveau qu’elles avaient en 1990. Or il se trouve que l’immobilier génère en France 23% de l’ensemble des émissions de GES et 43% de l’énergie consommée. L’enjeu est donc d’importance !
Le prix des énergies et notamment du pétrole ayant rechuté à la fin des années 80, la préoccupation énergétique s’était assoupie. Depuis tout s’accélère avec l’émergence des labels environnementaux qui ont forgé depuis une dizaine d’année une nouvelle philosophie de la construction de bâtiments neufs. La Réglementation Thermique 2005 évoquait déjà une consommation de référence fixée à 150 kWh/m2/an. Puis le label HPE 2005 a fixé un seuil inférieur de 10%. Très vite le label THPE 2005 est devenu la norme (seuil diminué de 20%). Ensuite l’obligation de recourir pour partie aux énergies renouvelables s’est greffé dessus (THPE EnR 2005). Le label BBC Effinergie s’est alors imposé.
Le Bâtiment BBC
Une nouvelle marche est franchie puisque ce label impose une consommation d’énergie primaire inférieure à 50 kWh/m2/an pour les bâtiments neufs et 80 pour la rénovation. Oui mais attention ! Cette consommation globale ne concerne encore que les “cinq usages principaux” de l’énergie : le chauffage, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage, la ventilation, la climatisation. Ce qui veut dire que les appareils électroménagers (blancs) et les équipements high-tech (bruns) ne sont pas encore pris en compte.
Mais le label BBC se définit par d’autres exigences : incitation à une production partielle locale de l’énergie au moyen d’énergie renouvelable, exigence d’une mesure de perméabilité a l’air, institution d’une surface de référence (la SHON RT telle que SHON / SHAB < 1,2), et enfin l’obligation “d’affichage” des niveaux de consommation des énergies.
Une révolution en marche
Le label BBC qui a permis de roder la nouvelle réglementation RT 2012 est une révolution à double titre. D’abord parce que dorénavant, il ne suffira pas de certifier par les calculs que la performance énergétique est atteinte : des contrôles sur site devront le valider. Ensuite parce que la mesure de la performance devient une obligation, actant ainsi que la technique constructive ne peut pas tout faire, et qu’il est essentiel de pouvoir agir sur la sensibilisation des occupants. L’année 2011 a vu bondir les réalisations conformes au label BBC Effinergie. 75% des programmes autorisés dans le collectif et 93% des programmes engagés sont BBC. Parmi ceux-ci 60% des logements sociaux lancés en 2011 ont été BBC. Par contre le logement individuel BBC ne rencontre pas le même succès. Probablement parce que les artisans ont encore du mal à maitriser les processus qui conduisent à la certification. Il ne suffit pas d’utiliser les matériaux certifiés, encore faut-il maitriser les process qui garantissent l’obtention du label à des couts maitrisés. Ceux-ci sont encore 10 à 15% plus élevés en maisons individuelles contre à peine 5% en habitat collectif, si réalisé par les principaux constructeurs régionaux.
La sensibilisation par le comptage
C’est humain : le portefeuille est le meilleur moyen de faire réagir les gens et de faire modifier leurs comportements de consommation. Les faire payer leur énergie en fonction de ce qu’ils consomment permet de faire baisser les consommations de 20 à 30% supplémentaires. Mesurer les consommations pendant la durée de vie du bâtiment est donc indispensable d’une part pour impliquer les occupants dans une démarche vertueuse, et d’autre part pour inciter les constructeurs à se préoccuper du comportement du bâtiment après sa livraison. Rendre les bâtiments facile à vivre tout en étant économes : voilà l’enjeu.
La prochaine étape se situe en 2020 : les bâtiments devront être BEPOS c’est à dire Bâtiments à Energie Positive : produire plus qu’ils ne consomment ! Un chalenge qu’il faudra gagner sans augmenter le coût de construction.
Source: istablog
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