enduit à la chaux

La chaux est un liant, et l'élément de base de la construction traditionnelle. Elle est aussi utilisée pour toute une gamme de finitions, enduits, badigeons et peinture. La chaux est un matériau minéral souple que l'on applique mélangé à divers agrégats pour enduire les murs intérieurs et extérieurs et pour jointoyer les pierres ou bien, simplement diluée dans de l'eau en lait ou en pâte, pour différentes techniques décoratives de peinture. La chaux se colore par les sables ou par adjonction de pigments.Le terme d'enduit désigne un ouvrage de revêtement pour garnir, protéger ou finir une surface.Utilitaire ou décoratif, c'est un ouvrage d'homogénéisation des surfaces.

Les fonctions d'un enduit se déclinent selon deux rôles prioritaires : - La protection et l'isolation, contre l'humidité et ses mécanismes de pénétration de l'eau (gravité,capillarité, condensation, gel); également contre la conjugaison vent et humidité. - La présentation, pour redresser les surfaces internes inégales mais également pour habiller les parements externes, en leur ajoutant une dimension décorative. Au-delà de ce rôle de présentation,l'enduit appartient au domaine de l'architecture et participe à sa composition.

LES CHAUX NATURELLES : Elles sont obtenues par cuisson (calcination, à environ 850°) de calcaires contenant plus ou moins d’argiles (de 0% à 20% maximum); le faible échauffement des molécules permet au matériau de garder toutes ses caractéristiques naturelles (respiration, aptitude à véhiculer la vapeur d’eau, capillarité).

1/ LES CHAUX AERIENNES : Lorsque le calcaire utilisé est pur ou quasiment pur, la chaux est dite aérienne; elle fait sa prise uniquement à l’air. Par cuisson, on obtient une chaux vive qui était traditionnellement éteinte dans des grands bacs d’eau, la chaux en pâte (grande facilité de conservation sous cette forme) ; elle est aujourd’hui éteinte artificiellement par vaporisation (technique industrielle) et mise en sac.

Les intérêts de ce liant sont :

Sa grande souplesse et ses caractéristiques très proches de celles de la pierre ; on obtient une homogénéité de comportement par sa faculté de respirer et de véhiculer l’eau. Son utilisation pour les badigeons due à son unique prise à l’air (tant qu’elle est dans l’eau, elle ne prend pas). Sa neutralité de couleur.

Exemple de chaux aérienne: « Balthazard & Cotte » « Chaux en pâte Σmos »...etc

2/ LES CHAUX HYDRAULIQUES NATURELLES : Une chaux est dite hydraulique naturelle lorsque le calcaire contient un maximum de 20% d’argile, silice ou d’oxyde de magnésium. Elle effectue sa prise en partie sous l’action de l’eau, d’où le terme hydraulique de par sa faible composition d’argile, mais aussi sous l’action de l’air puisqu’elle comporte un minimum de 80% de chaux aérienne. Les intérêts de ce liant sont les suivants: il reste souple et ses caractéristiques sont proches de celle de la pierre, de par sa prise hydraulique, le produit est plus facile à appliquer, et prend plus vite. Ses inconvénients majeurs sont: sa teinte moins blanche que la chaux aérienne, et une dureté sensible, l’impossibilité d’utilisation dans le cadre de la fabrication de badigeon de par sa prise hydraulique.

LES CHAUX ARTIFICIELLES ET LES CIMENTS Avec le 20e siècle, l’industrialisation de la production de liants minéraux, l’invention et la fabrication du ciment, le terme “ chaux ” est resté dans le vocabulaire du bâtiment, et surtout celui des commerciaux… Les ciments sont fabriqués à partir d’argiles cuites à très haute température (au delà de 900°c suivant le procédé), avec modification des structures moléculaires (vitrification) ; leurs caractéristiques correspondent à l’architecture du béton (rigidité, solidité, caractéristiques hydrophobes…). Ces derniers sont incompatibles avec le bâti ancien qui doit respirer et rester souple; les ciments sont à bannir de toute réhabilitation ( corps d’enduit, revêtement décoratif, joints et maçonneries ordinaires…). Il est donc nécessaire de faire très attention aux appellations “ chaux ”!!!

LA PREPARATION : Elle est assez délicate, et exige du maçon un savoir faire, ou une formation à ces techniques; aussi le mélange de la chaux, du sable et de l’eau n’est guère aisé avec une bétonnière habituelle vu la trop grande onctuosité du mortier; la tendance est alors de trop mouiller le mortier par manque de matériel adéquat (nécessité d’utiliser des malaxeurs horizontaux). Un mortier trop mouillé génèrera du faïençage au séchage.

LA MISE EN OEUVRE : Pour la mise en œuvre de l’enduit, il est nécessaire de bien observer les maçonneries et de savoir « lire » les surfaces (pierres de moellonnage, pierres de taille, pierres de modénature ou d’encadrement…) afin d’appliquer une épaisseur raisonnable d’enduit qui doit se tendre sur la maçonnerie et venir mourir sur les pierres à montrer, sans effet de harpage ou de double encadrement (type « poste de télévision »); le but est de conserver le relief propre de la façade, sans réinterpréter son architecture...

Remarque: Les machines à projeter sont à éviter, car elles facilitent l’excès d’épaisseur de l’enduit, et ne permettent pas assez de « coller » l’enduit à sa maçonnerie. Le mortier de chaux étant trop onctueux, il ne passe pas par les tuyaux de ces machines...

LES FINITIONS : L’utilisation de la taloche s’est trop généralisée depuis une trentaine d’année, car elle permet de travailler vite, et avec des épaisseurs d’enduit importantes; cet outil n’est apparu qu’au XIXème siècle et ne devrait donc pas être utilisé sur des immeubles plus anciens! Seule la finition à la truelle permet de travailler des épaisseurs moindres, et donne un meilleur rendu à la surface (lisse, sans trace de sable, ni cet effet vermiculé).

CONCLUSION L’enduit doit respecter le bâti et la maçonnerie sur lequel il va être appliqué; il n’y a pas de bon ou mauvais enduits ou liants, mais des bons ou des mauvais choix de restauration et de méthodes d’application. Utiliser la chaux est bien souvent l’apprentissage d’une culture oubliée; pour les architectes, c’est aussi une autre compréhension de l’architecture.