L’éclairage est le grand gagnant du passage à l’heure d’été en matière d’économie d’énergie, selon l’Ademe. Pour le thermique, en particulier la climatisation, le bilan est moins bon. D’autres études sont plus mitigées.
Il y a deux jours, comme deux fois par an, nous – les Français comme la plupart des Européens (moins les Russes notamment, depuis 2011) – avons tous accompli le soir le rituel du changement d’heure: avancer ou reculer d’une heure les horloges, les montres, les appareils électroniques quand ils ne le font pas tout seul (sans parler de ceux qui traînent, comme la Freebox cette année). Avec quelle utilité?
L’heure d’été, mesure adoptée en 1976 à la suite du choc pétrolier, était alors motivée par la recherche d’économie d’énergie. Qu’en est-il près de quarante ans plus tard? L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) rappelle opportunément son étude de 2010, qui actualisait une étude de 2007 et évaluait aussi les effets du chauffage et de la climatisation à l’horizon 2030.
Selon son résumé de cette étude, pour l’éclairage, le gain est confirmé et durable: en 2009, le gain d’énergie a été de 440 Gwh, l’équivalent de la consommation de 800.000 ménages, épargnant l’émission de 44.000 tonnes de CO2. L’Ademe relève cependant que le gain sur l’éclairage diminue pour plusieurs raisons, comme l’évolution des équipements (lampes basse consommation).
« Néanmoins, à l’horizon 2030, les économies d’énergie engendrées par le régime d’heure d’été subsisteront même si le gain aura encore diminué à la faveur de la pénétration des technologies d’éclairage performantes dans le logement. Il devrait être de 340 GWh en tenant compte de l’augmentation des surfaces de bâtiments. »
Mais quant aux usages thermiques, le changement d’heure n’a pas eu d’effet significatif en 2009. En 2030 par contre,
« des gains additionnels de 130 GWh électrique pourrait être atteints du fait du changement d’heure à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température. Considérant ces gains additionnel ainsi que ceux liés aux autres énergies de chauffage, les différents scénarii contrastés conduiraient en 2030 à une réduction globale des émissions de 70.000 à 100.000 tonnes de CO2 grâce au régime d’heure d’été. »
Le passage à l’heure d’été ou à l’heure d’hiver a aussi pour avantage de soulager le réseau électrique lors des pointes de consommation. « En effet, c’est au printemps, et à l’automne, que des risques élevés de marges insuffisantes de puissance sont observés. En 2009, le changement d’heure a permis une diminution de 3,5 GW de la puissance appelée à 19 h. En 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW. »
Risque futur pour la climatisation:
L’Ademe a aussi mené une comparaison avec d’autres pays (Japon, États-Unis, Australie) et en a conclu qu’en raison des particularités de chacun, les résultats « sont ponctuels et non généralisables, que ce soit des gains ou pertes globales ». Cependant, les études « soulignent que l’usage climatisation dans le résidentiel conduit systématiquement à une surconsommation avec le régime d’heure d’été. Ceci pourrait poser des problèmes à terme en France si les climatiseurs ne sont pas bien régulés. »
L’étude passe aussi en revue les controverses (rythmes biologiques, activités agricoles, circulation routière…) et estime que peu d’études ont été réalisées sur ces impacts négatifs potentiels, et qu’elles « s’avèrent rarement étayées par des arguments factuels ».
Dommage pour pouvoir se faire un avis étayé que l’étude complète ne semble pas accessible (l’ACHED, Association contre l’heure d’été double, mentionne a contrario plusieurs sources n’allant pas dans le même sens).
En novembre 2007, la Commission des communautés européennes avait transmis une communication sur l’heure d’été au Conseil, au Parlement européen et au Comité économique et social européen. Elle concluait dans le sens d’un statu quo, estimant que « l’heure d’été favorise la pratique le soir de toutes sortes de loisirs dans des conditions de confort accrues, puisqu’à la lumière naturelle », et à des économies « relativement limitées » d’énergie en découlant.
Plusieurs domaines d’incertitudes:
Cependant, elle indiquait aussi que « face à des études contradictoires en la matière, il est impossible des tirer des conclusions valables sur l’impact de l’heure d’été sur l’environnement ». Pour la sécurité routière, même réponse: « L’absence de données chiffrées suffisantes ainsi que l’interaction d’autres facteurs, telles les conditions météorologiques, ne permettent pas d’établir une causalité certaine entre l’heure d’été et le nombre d’accidents. »
Quant aux effets sur le corps du changement d’heure, « les spécialistes, en l’état actuel de la recherche et des connaissances, s’accordent à constater que la plupart des troubles éprouvés sont de courte durée et ne mettent pas la santé en danger ».
Une étude de l’université de Cambridge en 2009, « Daylight Saving, Electricity Demand and Emissions; Exploratory Studies from Great Britain » (PDF), menait une comparaison d’évaluations dans plusieurs régions et pays (Grande-Bretagne, Allemagne, Etats-Unis, Mexique…). Pour les années récentes, elle indiquait, dans plusieurs pays (page 7), que l’heure d’été est neutre voire augmente la consommation d’énergie.
Source: smartplanet.fr
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