De l’innovation dans le bardages bois en façade

Quasiment absent de la construction il y a moins de quinze ans, le bardage bois est en train de conquérir les façades, y compris dans le secteur tertiaire et le logement collectif. Outre un effet de mode évident ces produits ont bénéficié d’innovations remarquables qui leur confèrent durabilité et esthétique.


Le bois dans la construction a le vent en poupe et les bardages bois ne font pas exception. Une étude MSI Reports de décembre 2010 montre que le segment des bardages bois et dérivés est celui dont les parts de marché ont le plus augmenté sur la période 2003/2010, passant de 12 à 27%. Et apparemment ce n’est pas fini puisque l’organisme estime sa croissance à 62 % entre 2008 et 2012, pour arriver à un total de 7,4 millions de mètres carrés posés. La bonne image du bois dans l’opinion et chez les prescripteurs, ne suffit pas à elle seule à expliquer cet engouement. D’autres facteurs l’expliquent comme l’augmentation du seuil minimum d’incorporation du bois dans la construction, ou plus simplement par la multiplication des projets de construction bois (panneaux bois massif ou ossature). Lesquels sont souvent habillés de bardages bois. Mais là encore, l’explication est un peu courte et nombre de projets à structure béton, brique ou métal, sont aussi habillés de bardages bois. Le renforcement de la réglementation thermique a probablement aussi sa part de responsabilité. Renforcement qui encourage le recours aux systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE). Et le bardage bois en est le compagnon naturel.

Stabilité mécanique

L’évolution de l’offre est aussi un moteur puissant de ce développement. Dans ce domaine de nombreuses innovations rendent les traitements de surface de plus en plus sophistiqués et performant tout en étant davantage en phase avec les préoccupations environnementales, le choix d’essences de qualité – sapin, épicéa, pin sylvestre, pin maritime, mélèze, douglas et red cedar pour les résineux, châtaignier, chêne et robinier pour les feuillus –, compatibles avec une gestion durable des forêts, leur confèrent des propriétés mécaniques (stabilité) et de durabilité de plus en plus importantes et appréciées. Innovation également du côté des profils comme les biseautés ou des produits aboutés qui, à l’image du parquet, apportent une plus grande stabilité aux lames y compris dans les grandes longueurs. Des produits qui autorisent également le développement de lames larges (jusqu’à 190 mm), tout cela bien sûr dans la limite du DTU qui précise que la largeur exposée ne doit pas dépasser 7,5 fois l’épaisseur, 10 pour le red cedar.

Gris uniforme

Sur le plan des finitions les bois peints sont recherchés avec, par exemple, des teintes grises proches du métal, des tons très colorés ou encore du blanc. Mais les bardages bois naturels et les tons bois forment l’essentiel du marché. Bardages bois naturel en extérieur qui subissent inévitablement avec le temps un changement d’aspect. Ce changement n’affecte pas la stabilité mécanique ni la durabilité, mais uniquement la couleur qui va progressivement, sur plusieurs années, virer du brun clair au gris foncé, mat ou argenté, les nuances dépendant des essences, de l’exposition au soleil et aux intempéries. Avec des variations de couleurs irrégulières, ce vieillissement est souvent vécu par les maîtres d’ouvrage comme une dégradation du revêtement.

A contrario les architectes recherchent cet aspect grisâtre. Mais la plupart souhaiteraient qu’il soit homogène sur l’ensemble des façades. Pour répondre à cette demande, le FCBA a étudié un produit de finition, non filmogène, dont la teinte reproduit le gris produit par le vieillissement naturel. En association avec Cidemco en Espagne (devenu Tecnalia), un travail de formulation a été réalisé, suivi d’une validation du concept par des essais de vieillissements artificiel et naturel aux quatre points cardinaux. L’étude a montré la pertinence du procédé qui confère au bois une teinte grise, tout en conservant un aspect et un toucher bois. Non filmogène, il se dégrade lentement, permettant au vieillissement naturel de prendre le relais dans le maintien de la teinte grise. La transition entre le gris apporté par le produit et le gris généré par le vieillissement est ainsi imperceptible.

Cahiers des charges BBC

Comme ils sont la plupart du temps associés à une ITE les bardages ont besoin de produits d’isolation spécifiques. Eux aussi se sont adaptés à la réalité du marché, avec le développement d’isolant et de systèmes dédiés à la mise en œuvre de bardages sous la lame d’air ventilée. Qu’il s’agisse de solutions sous avis technique ou faisant l’objet de constats de traditionnalité, tous respectent les règles générales de conception et de mise en œuvre décrite dans les cahiers de prescription technique (CPT) du CSTB. Des systèmes aujourd’hui renforcés pour répondre aux cahiers des charges des bâtiments basse consommation (BBC). Les fabricants de laines minérales vont jusqu’à proposer des isolants de différentes couleurs, jaune ou noire selon le type de bardage et son opacité ou selon le type de joints choisi – ouverts ou fermés. Tout aussi important, le développement des panneaux isolants à base de bois. Ces derniers offrent aujourd’hui des caractéristiques d’isolation comparables aux produits industriels classiques, tout en apportant un déphasage. Une caractéristique importante pour le confort d’été. Mais surtout, il y a cohérence à coupler ces matériaux bois à un bardage bois.

Stéphane Miget | Source LE MONITEUR.FR

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